Premiers pas sur Java

Quitter le continent asiatique, voilà un défi qui nous a pris plus de temps de réflexion que de temps d’action. Après avoir rêvé la traversée de l’Océan Indien à la nage, à dos d’oiseau, debout sur un radeau, il a fallu nous résigner. Nous avons volé !

Nous avons longtemps redouté le passage en avion. Durant ces six derniers mois, nous avons pris tant de plaisir à nous déplacer au rythme des transports locaux, admirer les paysages, prendre le temps de nous éloigner. L’avion ne nous ôtera-t-il pas la notion de distance ?…

Une fois dans les airs, nos craintes s’évanouissent. L’étendue d’eau qui défile sous nos ailes est là pour nous rassurer. Nous réalisons qu’une aventure se termine ici et que nous entrons dans le dernier acte de ce périple.

En voiture Simone

Après un passage occidental à Singapour, nous retrouvons avec plaisir les incontournables tuc-tuc et bus traditionnels qui donnent leur charme aux villes asiatiques. Pour 20 cents d’euros, nous prenons place dans notre premier bus à destination du vieux quartier de Jalan Jaksa Area où nous souhaitons nous installer. Nous sommes aussitôt surpris par la taille des sièges, la hauteur du bus et les exubérances du contrôleur/racoleur.  C’est ainsi que, nous prenons conscience que nous vivrons ces trois prochaines semaines tels des géants au milieu d’un peuple issu pour la plupart des pygmées, plus petits que nous d’une tête pour la moyenne. Debout, coincée entre deux sacs, Mlle Cartensac est obligée de se courber pour ne pas heurter à chaque secousse l’ampoule située juste au-dessus de sa tête et dont les fils électriques sont dénudés. Assis, ce n’est pas beaucoup plus amusant, nos jambes ne tenant pas dans la longueur, nous sommes obligés d’occuper à nous deux, trois sièges… Il faudra toutefois nous habituer. De l’intérieur comme de l’extérieur, les bus sont tous abîmés, rouillés, les sièges déchiquetés, la fermeture des portes ne fonctionne plus,… La philosophie n’est pas difficile à cerner : tant que ça roule !

Pour nous rendre au quartier Kota, nous choisissons d’emprunter un train, en classe économique bien entendu ! Aussi pour 8 cents d’euros, nous faisons connaissance avec un moyen de transport tout droit sorti d’un autre monde. « Il y aurait la place de transporter du bétail dans ce wagon ! » remarquons-nous à notre entrée. Nous venons tout juste de nous asseoir et le train reprend sa course. Les portes grandes ouvertes, les gens montent et descendent à loisir, en marche parfois. Nous profitons de cette grande ouverture sur la ville pour nous faire une première impression ; pour sûre, la capitale est pauvre. Nous observons avec toujours autant d’effroi les voyageurs acheter aux vendeurs ambulants, verres d’eau et bouteilles de thé en plastique, qu’ils jetteront une fois consommés, à leurs pieds. Un geste qui nous annonce la couleur… Après notre premier après-midi surprenante dans les rues du centre historique de Jakarta, nous jugeons qu’il est préférable de ne pas y traîner trop tard. Aussi à 18h13, nous sautons dans le train en sens inverse, au hasard d’un wagon. « Excusez-moi Mademoiselle », interpelle Mlle Cartensac, une jeune femme. « Ce wagon est réservé aux femmes… » Oups ! Il va également falloir nous habituer aux coutumes si nous voulons passer inaperçus. Au bout d’une demi-heure passée debout dans un wagon empli, arrivés à notre gare, nous descendons. « Regarde !! » s’exclame Mr Routenvrac en pointant du doigt le toit du wagon. Des dizaines de jeunes, installés sur la tôle, excités à l’idée que nous les ayons remarqués, se mettent à rire et à gesticuler pour se faire d’avantage remarquer encore. Nous scrutons un panneau d’interdiction de monter sur le toit. « J’ai bien l’impression que les règles ne sont ici faites que pour être controversées. »

Villas et bidonvilles

« Je crois bien que c’est la capitale la plus pauvre de tout notre voyage… » constate Mr Routenvrac. Dans le quartier de Kota, le premier que nous ayons visité, nous tombons des nus. A-t-on déjà vu autant de délabrement… Dans les rues, de nombreux bâtiments semblent avoir eu leur gloire autrefois et tombent aujourd’hui en décrépitude. « Ca n’est pas possible, il y a dû y avoir la révolution ici ? » s’étonne Mr Routenvrac. Notre curiosité quant à l’histoire de ce pays, de sa capitale est attisée peu à peu au rythme de nos découvertes. « Regarde tous ces barbelés qui encerclent maisons, magasins et monuments » observe Mlle Cartensac. « C’est certainement pour éviter les débordements. J’ai bien l’impression que la sécurité, ce n’est pas le fort de Jakarta » lui répond Mr Routenvrac. Nous approchons du canal et nous contemplons un très court instant un pont levis. L’odeur du canal est insoutenable. Au-dessus de l’eau, un amas de crasse et de déchets semblent flotter. « C’est pire que ça ! Les déchets ne flottent pas, ils s’entassent au point de dépasser hors de l’eau ! » Le liquide qui coule ne ressemble d’ailleurs pas à de l’eau. « On dirait du pétrole… Comment est-ce possible d’en arriver à ce point ? » Et bien en envoyant tout simplement les évacuations domestiques directement dans le canal, ne lui laissant donc aucune chance d’assainissement.

Le lendemain, alors que nous traversons la ville dans un bus à destination de nos hôtes couchsurfing, nous découvrons une toute autre facette de la ville. Les quartiers se succèdent les uns aux autres, tantôt luxueux présentant des dizaines de bâtisses pouvant appartenir à des consuls, ministres ou autres personnes hautement importantes, tantôt des quartiers très modestes, détériorés. Enfin, aux quatre coins de la ville sont disséminés bidonvilles, paillasses, matelas, occupés par les gens des rues. Une telle hétérogénéité nous interpelle. Nous sommes impatients de mettre un premier pied au cœur d’un foyer indonésien pour en apprendre d’avantage sur la culture javanaise.

Spectacles de rue

Jaran Kepang

Nous avons déjà eu bien du mal à nous accoutumer à voir les enfants des rues travailler. Aussi, lorsque nous tombons sur notre premier spectacle de rue javanais, nous sommes troublés. Un enfant, de 3 ans à peine, monopolise tous les regards. Son visage caché derrière un masque effrayant, il se déplace au rythme des percussions, rebondissant sur ses jambes tel un danseur africain, puis se jetant sur les genoux, rampant tel un félin ayant flairé une proie,… Lorsqu’enfin, il enlève son masque, la foule l’acclame tandis que, bien éduqué, il s’empare d’un sachet pour réclamer la monnaie. Vient le tour des Jaran Kepang, danse traditionnelle. Deux enfants de 8 ans, à califourchon sur leurs chevaux tissés, entrent en scène. Les percussions semblent avoir pris possession de ces petits corps, animés d’un véritable talent de dramaturges, chevauchant en tous sens, le visage ferme d’hommes conquérants, se ruant, offrant galipettes et affrontement à un public captivé. Un homme d’une trentaine d’années intervient, un fouet à la main. Nous sommes saisis par une émotion forte partagée entre la qualité de jeu de ces jeunes acteurs, mimant le duel, feignant la douleur et l’image de cette vie toute tracée que sera la leur. Le fouet saisi tour à tour par chacun des protagonistes avec une passion insaisissable s’avérera un jouet théâtral puissant par le son produit dans un claquement d’air, mais inoffensif.

Nous apprendrons plus tard, que loin de cette parade de rue destinée à collecter de l’argent, les véritables Jaran Kepang organisent, avant leur démonstration, une cérémonie mystique ayant pour but d’appeler les fantômes à prendre possession de leurs corps. Ils sombreraient dans un état d’inconscience, possédés par des âmes ancestrales, offrant alors un spectacle surréaliste allant même jusqu’à avaler du verre, souvent recraché une fois le fantôme évadé du corps.

Le Montreur de singe

A Thaman Mini Indonesia Indah, un parc culturel représentant les différentes régions d’Indonésie, nous sommes stoppés dans notre promenade par un spectacle de montreur de singe. Le petit animal, tenu par une laisse, se déplace debout tel un humain, tenant en main tout une série d’objets plus étonnants les uns que les autres : fusil, moto, parapluie,… Son maître ne lui permet pas un écart. Le petit singe est tantôt envoyé dans une direction, tantôt dans une autre, à coup de laisse, parfois incité à taquiner le passant, jouer avec l’enfant, le plus souvent poussé à ramasser le billet tendu par les nombreux spectateurs. Pour l’intérêt de la découverte, nous restons un moment, tiraillé toutefois par l’inhumanité de ce spectacle tant applaudi… Spectacles que nous aurons l’occasion de recroiser, à plusieurs reprises, par hasard devant des feux de circulation.

Du riz au souffre

Alors que nous parcourons les campagnes alentours, assis dans les mini-vans traditionnels ou dans les bus locaux pour les longs trajets, nous admirons les paysages : les rizières s’étalent sur des dizaines de kilomètres. De loin, on croirait observer un escalier de végétation, traversé régulièrement par une ligne de chemin de fer, l’unique sur l’île de Java.

A Bandung, notre deuxième étape indonésienne, nous partons à la rencontre d’un volcan appelé Kawah Ratu. Sur place, les centaines de touristes indonésiens s’équipent : bonnets, écharpes, tout a été prévu par les vendeurs locaux. Il faut dire que le climat en haut des montagnes est particulièrement frais. Toutefois, dès que viennent les premières gouttes de pluie, tous se réfugient sous les petites baraques tandis que nous continuons notre ascension sous leurs yeux abasourdis. L’odeur du souffre est prenante. Au fur et à mesure que nous approchons du cratère, la fumée, mêlée au brouillard, se fait plus encombrante, nous rendant la vue quasiment impossible une fois rendus au sommet.

Sur notre chemin, au milieu des plantes tropicales, nous nous arrêtons, intrigués, devant une entrée en béton. « On dirait un boomker. Qu’est-ce que ça peut bien être ? » s’étonne Mlle Cartensac. « Passe-moi ta lampe frontale ? On va vite savoir de quoi il s’agit ! » s’excite Mr Routenvrac. « Tu ne vas pas entrer là-dedans ! Tu es inconscient ! Tu ne regardes pas assez de films toi ! » riposte Mlle Cartensac tout en s’exécutant. « Tu viens ou pas ? » – « Je ne vais pas te laisser aller tout seul là-dedans. Bien sûr que je viens ! » Nous parcourons une vingtaine de mètres dans une galerie sombre. Soudain, nous nous laissons surprendre par des rires d’enfants. Sur notre gauche, une cavité dans laquelle un matelas a été entreposé. Alors que la lumière du jour nous fait face, nous comprenons que nous venons d’entrer dans la caverne d’un yeti mangeur d’enfants… « On fait demi-tour ou on essaie de le prendre en photo ? » Finalement, nous choisissons de rebrousser chemin, passant ni vu, ni connu par cette place mystérieuse.

Concert ambulant

Qu’il s’agisse de Jakarta ou de Bandung nous avons été confrontés à un choc culturel important. Dans les rues, le bus, le train, les lieux touristiques comme les places les plus ordinaires, de nombreux enfants, jeunes, adultes et personnes âgées font la manche. Certains munis d’un instrument, parfois de trois, guitare et maracasse à la main, harmonica autour du cou, montent et descendent des transports en commun, arpentent les rues, toujours un sachet à la main tandis que d’autres, moins artistes, se contentent de faire retentir d’insupportables cymbales. D’une manière ou d’une autre, nous constatons toujours avec la même curiosité, le nombre impressionnant de mains se tendre pour déposer dans leurs sachets, une pièce ou un billet. La monnaie donnée en fin de morceau signifie pour l’artiste que sa musique est appréciée. Lorsque le bruit en revanche n’est pas supportable, le javanais se dépêchera de payer pour faire fuir le mendiant.

Angelina Jolie & Brad Pitt

Intrigués ou Intrigants ?! Notre première grande sortie à Thaman Mini, en sera le moment révélateur : montrés du doigt, mimés par enfants et adultes, les parents poussant parfois les enfants à nous toucher… Notre passage soulève ricanements et papotage au sein des groupes de jeunes filles. En trois heures de temps, il nous faudra poser parmi des dizaines de photos différentes, patienter lors des multiples prises, parfois même répondre à des interviews… « Pour le coup, c’est plutôt marrant » constate Mlle Cartensac « mais je me mets à la place des stars, si on devait vivre ça tous les jours… Pfiouuuuu. Je n’ose même pas y penser. » – « En tous cas, s’il nous arrive quelques chose, tout le monde ici nous a vus !!! Notre portrait figure sur tous les portables de la ville » ajoute Mr Routenvrac. Une fois sortis du parc, ce manège n’arrête pas. Notre taille, la forme de notre nez, notre couleur de peau, tout porte à s’étonner. Il faut dire que nous-mêmes pouvons compter les occidentaux croisés durant tout notre séjour dans ces deux villes importantes sur les doigts de la main.

Au cœur du foyer javanais

Ce jeudi 19 avril, nous passons la porte de la maison de Vari et Rangann, nos premiers hôtes couchsurfers indonésiens. Nous ne comprenons pas tout de suite quelle est cette dame qui nous accueille sans nous offrir un mot d’anglais ? Finalement, nous découvrons une coutume bien imprégnée dans les foyers javanais : la gouvernante. Une raison de plus de nous étonner. Voilà bien des sujets que nous abordons dés le premier soir avec nos nouveaux amis. Vari et Rangann sont très ouverts et prêts à nous faire découvrir leur culture, des plats aux boissons gélifiées, nous enseignant au passage quelques rudiments de vocabulaire, et répondre à nos questions existentielles quant au rythme de vie, la place de l’environnement dans leur société, le travail des enfants,…

Lorsque nous leur proposons de découvrir l’outil Cartensac, ils se montrent très intéressés. Ils ne se qualifient pas de grands joueurs, mais dès que nous abordons les souvenirs d’enfance, ils deviennent insatiables, utilisant tout d’abord leur mémoire, surfant ensuite sur internet pour confirmer certaines règles et subtilités de jeux anciens, retrouvant par ailleurs des jeux enfouis trop loin dans leur passé. Des jeux d’osselet, aux cartes, billes et chevaux joués en cours de récréation, nous en découvrons tout un rayon. Nous sommes surpris et amusés de constater que malgré les milliers de kilomètres qui séparent nos enfances, nous avons tous vu passer tamagoshi, tazos, homme parachute, lecteur de diapo,…

Deux jours de recherches et d’éclats de rire plus tard, nous quittons Vari et Rangann, une liste effarante en main de jeux, boutiques et marionnettes ; de quoi enrichir notre traversée de l’île de Java.

Trois générations de jeux

A Bandung, nous élisons domicile dans une auberge très accueillante, Homestay by Moritz. Les gérants, de jeunes indonésiens se montrent prêts à nous conseiller, nous proposent de nombreuses excursions, nous informent sur les transports dits locaux. Alors que nous refusons tour à tour chacune de leurs propositions au vu des prix quatre fois supérieurs à la réalité du baroudage, nous sentons petit à petit leur chaleur s’atténuer. Nous envisageons donc de reprendre notre route dès le lendemain. Finalement, nous recevons, via couchsurfing, une proposition d’hébergement pour la ville même. Se faire inviter, c’est nouveau pour nous qui avons pris l’habitude d’envoyer nombre de requêtes dans nos villes étapes, espérant parfois des réponses qui ne viennent jamais. Nous n’hésitons pas un instant et partons à pieds en direction de la maison de Riri et Didi, deux jeunes parents photographes.

Ce lundi 23 avril, Riri nous ouvre la porte de son atelier photo. Voilà une première passion commune avec Mr Routenvrac qui facilite d’entrée notre relation. En un peu moins de 24 heures, nous avons l’occasion de rencontrer tous les membres de la famille, source de jeux inépuisable. « Je pars demain à Singapore » explique Riri, « mais en lisant votre profil, j’ai pensé que ce serait intéressant pour mes enfants de vous rencontrer, ne serait-ce qu’une journée ». Flea et Zoya, les deux enfants en question, se montrent très réticents quant à notre présence lorsque nous venons les chercher dans leur école. « J’ai pas l’impression qu’ils soient très contents de nous voir » s’étonne Mlle Cartensac. « Je dois vous avouer qu’ils en ont marre que j’invite des étrangers à la maison » explique à nouveau Riri, amusée, « mais je leur ai dit que cette fois-ci ce serait différent. Vous allez jouer avec eux, n’est-ce pas? » Passés l’étonnement, nous relevons le défi.

Et comme nous l’espérions, nous parvenons à attirer bien plus que les enfants. Didi, le père, se lance dans des démonstrations hilarantes, n’hésitant pas à se plier en quatre pour parfaire notre album photos, son collègue proposant Utik, un jeu d’élastiques aussi simple que culturellement intéressant, Riri prenant de son temps pour nous expliquer les règles d’un jeu de semailles (Congklak). Nous avons ouvert une mine de trésors qui semble réveiller tous les esprits. Ibrahim, le grand-père est très songeur lorsque Mlle Cartensac lui demande : « Et vous, à quoi jouiez-vous durant votre enfance ? » Riri réalise : « Je crois bien que je n’ai jamais partagé mes jeux d’enfance avec mes enfants. » La maison semble le temps d’une journée dans un état de mémoire et de joie partagée.

A notre réveil, ce mardi 23 avril, Riri et Didi sont déjà partis pour Singapore. Sumariah, la grand-mère, nous attend avec un grand sourire. Elle nous a préparé un petit déjeuner traditionnel très complet. Alors qu’elle nous observe savourer, Ibrahim s’installe près de nous, son I-pad à la main. Alors qu’il entreprend une grande explication, Mlle Cartensac se rapproche et n’en croit pas ses yeux. Il a dessiné tous ses jeux d’enfance sur sa tablette pour nous les faire partager… Nous profitons de cet instant insolite avant de boucler nos bagages. Sur le pas de la porte, ils nous accompagnent, un sourire radieux sur le visage. Ibrahim nous demande la possibilité de noter son e-mail, au cas où. Nous le laissons faire. « Ibrahim Sastradivuria, professeur en ophtalmologie » nous écrit-il professionnellement, un contact que nous ne sommes pas prêt d’égarer. Une accolade sincère nous unit avant que nous ne prenions place dans notre minivan en direction de la gare. Aujourd’hui, nous partons retrouver l’océan indien, dans la ville de Pandangaran. Sur le palier, Ibrahim et Sumariah, accompagnés de leur petit-fils, nous regardent nous éloigner, nous offrant un dernier geste d’adieu, sans doute aussi touchés que nous par cette rencontre éclaire.

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