Ce matin, le réveil est un peu difficile à 6h30. Mais nous devons nous activer un peu, nous arrivons en Finlande et la journée devrait être longue pour rejoindre Saint-Pétersbourg et nous installer dans une auberge de jeunesse. A 7h, chocolat chaud englouti, nous descendons au sous-sol pour attendre avec les autres passagers. Nous espérons vivement rencontrer Rolland. Il nous a proposé la veille de nous conduire à St Pétersbourg. Le voila… mais celui-ci nous annonce que finalement, la voiture est trop petite et ils ne pourront nous emmener. Zut! Mr Routenvrac décide alors de ne pas se laisser abattre par ce retournement de situation et entre dans le deck 7 pour tenter de conquérir une nouvelle voiture. C’est Vladimir, conducteur d’une jeep qui accepte d’être notre chauffeur. Nous montons à bord, et nous voilà partis pour 400 km en sa compagnie. Vladimir est russe, il habite à St Pétersbourg et parle un peu anglais. Nous discutons donc une bonne partie du voyage, entrecoupé de petites siestes de Mlle Cartensac. Vladimir nous fait écouter quelques musiques: The Clash, Creedence Clearwater Revival… Il semble apprécier le rock, nous aussi.
Nous parcourons des dizaines de kilomètres au travers des forêts finlandaises avant d’apercevoir les premières maisons, toujours entourées d’arbres. Grâce à Vladimir nous n’avons aucun souci pour traverser la frontière. Tout d’abord la frontière finlandaise, puis la frontière russe où il nous faut signer des papiers d’entrée. La voiture redémarre. « Now we are in russia!! » annoncent en cœur Mlle Cartensac et Vladimir.
Arrivée en territoire Russe r2mica
La route est encore longue avant d’entrer dans St Pétersbourg et les routes sont plutôt mauvaises. Vladimir nous montre la technique pour doubler les camions: à trois de front sur une deux voies.
St Pétersbourg en vue
Nous sommes surpris par l’aspect hantée des maisons aux abords de Saint-Pétersbourg. Nous sommes assez excités, nous venons de gagner du temps et économiser le trajet. Nous avons tout l’après-midi pour nous assurer une place dans une auberge de jeunesse. Nos contacts sur le site couchsurfing n’ayant pas fonctionné pour cette fois-ci, nous avons sélectionné plusieurs auberges de jeunesse sur internet. Vladimir nous donne quelques informations, répond à nos questions et nous dépose près d’une station de métro. C’est alors que tout s’accélère.
Fleur au fusil
Nous entrons dans la station de métro, retirons 1000 roubles, environ l’équivalent de 20 euros, puis achetons des jetons à la caisse. Nous suivons la foule et descendons un immense escalator. Les gens se rangent bien sur le côté en file indienne afin de laisser passer les plus pressés. C’est assez impressionnant de voir tant de gens bien rangés. Puis l’indiscipline reprend le dessus, les gens se précipitent vers les portes du métro. Nous prenons donc juste le temps de vérifier notre direction. Le métro arrive et nous montons à bord. Au bout de deux arrêts, il nous faut faire un changement. Sans les indications de Vladimir, nous aurions eu bien du mal mais, du coup, nous trouvons facilement. L’alphabet cyrillique est un vrai casse tête. Lorsque nous montons dans le second métro, Mr Routenvrac réalise qu’il n’avait pas pris le temps de placer son portefeuille dans son sac. Mais au moment de vérifier sa présence, son portefeuille n’est plus là où il l’avait rangé! Que vous dire à ce moment? La panique se met en place. Nous hurlons à qui veut l’entendre « Does someone speak english? » Personne ne semble ni concerné, ni préoccupé par ces deux européens affolés. Nous sortons dès la station suivante complètement étourdis par notre erreur. Pris dans l’euphorie des événements de la matinée, la méthode Routenvrac en a oublié ses fondamentaux. La sanction est lourde… nos passeports et une carte de credit ont été dérobé par un très habile pickpocket.
Merci Marie
Marie, une jeune fille russe vient à notre aide. Elle parle français et anglais. Nous parvenons à lui expliquer la situation. Mr Routenvrac parcourt le quai de long en large, espérant un miracle tandis que Mlle Cartensac se sent traverser par une angoisse intenable. Sans papier, en Russie… Marie assurera les démarches avec nous pendant près d’une heure. Elle nous conduit tout d’abord au bureau de la milice. Le local policier nous transporte en direct dans un film de la guerre froide. Il faut bien des efforts, même pour Marie qui est russe pour en trouver l’entrée et ensuite se faire entendre pour y entrer. Les couloirs qui nous conduisent au bureau de déclaration de vol sont vétustes, une odeur de tabac froid flotte dans tout le bâtiment. Marie explique notre situation et nous aide à remplir la déclaration de vol. Pendant ce temps Mr Routenvrac jette des coups d’œil dans toute la pièce. Il y a un vieux téléviseur cathodique allumé avec un lecteur DVD plein de poussières. Le scanner à coté du bureau n’as pas dû servir depuis 10 ans tant la crasse le recouvre. Au bout d’un bon quart d’heure, nous repartons avec notre déclaration de vol en russe et l’impression de n’être que des spectateurs d’une série B. Puis Marie nous conduit au consulat de France où nous sommes accueillis, bien entendu en français.
Un petit coin de France
Malgré le discours rassurant d’un conseiller du consulat de France, nous accusons le coup. Nous réalisons progressivement notre galère…
Il nous explique les différentes possibilités qui vont se présenter à nous dans les prochains jours:
- Option 1: nos papiers sont retrouvés dans les deux jours et tout rentre dans l’ordre…bah oui on peut toujours rever, visiblement cela arrive fréquemment selon eux.
- Option 2: nos papiers ne sont pas retrouvés, on peut nous procurer des passeports d’urgence mais les russes doivent accepter d’y apposer un nouveau visa pour nous permettre de continuer le voyage, chose très incertaine et parfois contraignante pour l’entrée dans certains pays. Le passeport d’urgence n’a pas forcément les mêmes reconnaissances que le passeport ordinaire.
- Option 3: nos papiers ne sont pas retrouvés et les russes refusent d’y apposer le visa. On nous délivre alors un laisser passer et nous devons retourner en France refaire tous nos papiers…
Amis potentracs, nous faiblissons légèrement, tentant de garder notre sang-froid. Notre conseiller nous propose de nous accompagner à notre hôtel si nous attendons une demi-heure. Nous nous installons alors dans un fauteuil, tentant de comprendre ce qui a bien pu nous arriver. Nous sommes allés trop vite, nous en sommes convaincus… Et nous ressasserons cela sans aucun doute pendant un certain temps à présent. Le voyage devra porter ce poids…
La rue Nekrasova
Arrivés près de l’hôtel, le conseiller nous dépose et nous indique la rue Nekrasova. Nous cherchons tout de même pendant quelque temps. On nous indique une porte blindée, sans écriteau. L’hôtel Frederics se trouve ici. Nous entrons. Enfin une bonne nouvelle, il reste de la place. Nous choisissons une chambre de 6 lits où séjourne pour le moment un jeune espagnol. Nous posons nos bagages et nous branchons l’ordinateur pour effectuer mille et une recherches et tenter de comprendre l’ampleur de notre situation et malgré tout écrire quelques lignes sur nos journées précédentes.