Les voilà ! En chair et en os, tous beaux tous neufs, en provenance de Paris Charles De Gaule. Par l’entrebâillement de la porte, Mme Calmensac nous fait de grands signes. Ouf, ils nous ont reconnus, malgré tout ce temps passé sur les routes à bronzer, rougir, cramer, pâlir, bronzer encore… Bel équipement ! Tenue décontracte, sacs de randonnée endossés, un beau camouflage pour ces seine-et-marnais qui, il y a deux jours encore, rageaient contre la pluie parisienne. De vrais aventuriers que nous accueillons avec le plus grand des plaisirs.
Les nouvelles du front & le ravitaillement
« J’espère que je n’ai rien oublié mais je peux t’assurer que j’ai fait au mieux… J’ai gardé la liste sur moi toute la semaine ! » souffle Mme Calmensac en déposant son gros sac à dos sur son lit. « La liste de quoi ? » vous demandez-vous ? La liste de tous ces petits bidules que l’on ne trouve pas dans les pays asiatiques (des livres en français par exemple), la liste de ces petites choses que l’on n’a pas emmenées en pensant qu’on n’en aurait pas besoin mais qui finalement ne nous aurait pas encombrés plus que ça (lecteur MP4) et bien entendu la liste de ces petits plaisirs qui sont bien plus agréables encore lorsque c’est une maman qui les apporte : le petit pot de Nutella par exemple… « Là ! T’as assuré ! Le petit déjeuner va retrouver de sa saveur ! » Mme Calmensac nous tend alors une grosse enveloppe craft. « Et ça c’est une surprise de vos potentracs Maëla et Virginie ! » Nous nous empressons de déballer le paquet et d’en extraire deux kits de potentracs sans prendre le temps de lire le petit mot « à n’ouvrir qu’à la fin ! » Trop tard c’est fait ! Et les bonbons déjà bien entamés ! Mlle Cartensac découvre également un porteclé gravé par son filleul. Rien de tel pour réchauffer le cœur !
Un nouveau Quator
Accueillir deux nouveaux partenaires dans une équipe qui travaille en duo depuis 5 mois, cela convient de faire un point. Il va nous falloir organiser nos douze jours entre vacances et voyage ; budget et plaisir ; découverte et partage ! Il n’est plus l’heure de vous faire les présentations de Mlle Cartensac et Mr Routenvrac que vous suivez avec tant d’intérêt depuis des mois ! En revanche, que diriez-vous d’une petite entrevue sur Mme Calmensac et Mr Cyclovrac, nos deux nouveaux aventuriers ?!!! Si, si, on y va !
Mme Calmensac, maman de Mlle Cartensac, est venue partager deux semaines avec nous, vivre à notre rythme, découvrir notre voyage, juger du bon état de sa fille et bien entendu profiter des vacances ! Profiter à fond et en famille !
Mr Cyclovrac, papa de Mlle Cartensac, légèrement hyperactif, est venu passer ses vacances en Thaïlande, à la découverte de tout ce qu’il pourrait découvrir, taquiner sa fille tant qu’il le pourrait, conseiller, guider, organiser, pédaler, pédaler plus vite et plus vite encore… « Eh, oh ! Cool papa, on n’a pas encore commencé à raconter nos aventures ! »
Trek dans la jungle
Après une bonne journée d’acclimatation dans les rues de Chiang Mai, la réservation est faite pour deux jours d’aventure. Nous nous sommes délestés de nos lourds sacs à dos, un peu où l’on a pu et on a pris la route. C’est-à-dire que lorsque le gérant de notre auberge a compris que, deux jours après notre arrivée, nous partions en trek et que nous n’avions pas jugé bon de réserver par son intermédiaire, il nous a gentiment demandé de déguerpir. Au revoir la piscine, à nous la nature sauvage! « Mais c’est ça le voyage ! » – « On a bien compris » répond Mr Cyclovrac, amusé. « Allez, en route ! »
Quel aventurier n’a jamais rêvé de fouler la jungle amazonienne, de répondre aux cris des singes, de s’élancer de liane en liane, d’affronter les indomptables caïmans,… Bon, c’est vrai que j’étoffe un peu là, mais lorsque le 4X4 s’enfonce au cœur de la forêt thaïlandaise, empruntant des sentiers défoncés, nous sommes tous les quatre, définitivement excités. Autour de nous, les hauts palmiers nous font nous sentir tous petits. Nous rêvons tout bonnement d’aventures !
Sacs sur le dos, gilets de sauvetage à la ceinture, nous partons pour deux jours de randonnée, accompagnés d’un couple d’allemands et d’un guide thaïlandais de la taille de sa serpe. « Randonnée » s’avère rapidement ne pas être le mot adapté. Après une plaisante baignade sous la puissance d’une cascade, nous nous dirigeons tous près d’une source d’eau chaude. La consigne est très claire : observer mais ne pas toucher. Et pour cause, l’eau tiède du bas de la falaise, jaillit ici à la température de90°C, créant bains bouillonnants et concentration de fumée. L’odeur émanant de cette forte chaleur est difficilement supportable, s’accaparant même nos voies respiratoires. Quelques minutes de contemplation de ce phénomène naturel et notre guide nous indique la direction à emprunter. Le chemin prend la forme d’un véritable sentier d’escalade. Nous comprenons assez tôt qu’il va falloir nous ménager et ne pas suivre l’allure du lièvre thaïlandais en claquettes, si nous voulons prendre plaisir à la balade. Mlle Cartensac se laisse offrir une canne de bambou taillée sur mesure, pour se faciliter l’ascension. Plus encore que prévu, cette première journée est sportive. Nous accueillons avec plaisir les arrêts botaniques de notre guide. Passionné, Sti eut bien été capable de nous inventer une apparition de tigre au cœur d’un fourré plutôt que de ne rien avoir à nous raconter. 4h30 de marche plus tard… J’ai bien dit 4h30, loin des 3h annoncées, nous parvenons au Karen Village, fatigués, les mollets flageolants mais comblés.
« On peut aider à la cuisine ? » demande avec impatience Mlle Cartensac. « La douche d’abord, la douche ! » insiste Sti. Dans notre chambre, ou plutôt dortoir, Mme Calmensac entreprend de faire nos lits, découvrant avec étonnement l’absence de matelas pourtant promis. Des nattes surélevées de quelques couvertures encadrées d’une moustiquaire nous garantiront une nuit solide…
A dos d’éléphants
Depuis la veille, nous attendons la randonnée à dos d’éléphants avec autant d’impatience que d’inquiétude. On a trop souvent entendu parler de ces grands mammifères torturés, maltraités dont les oreilles sont parfois déchiquetées à coup de pic en métal pour en assurer l’obéissance. Nous sommes donc soulagés de voir nos montures arriver en bon état, quoique… Le nôtre est rachitique et épuisé, sans doute en âge de passer le relai. Une fois montés et bien installés dans nos trônes, nous nous laissons aller au rythme de nos pachydermes respectifs : Mlle Cartensac et Mr Routenvrac en tête, Mme Calmensac et Mr Cyclovrac à la suite, nos deux amis allemands en queue, Gabrielle affreusement crispée, son mari détendu, chevauchant la tête de l’animal tel un prince. Fiers, le dos bien droit, nous traversons la rivière à plusieurs reprises, la longeant sur plusieurs kilomètres. Nous savourons cette langoureuse balade et la beauté des paysages qui nous entourent. Dans cette jungle, nous sommes seuls, bien qu’entourés de milliers d’animaux sauvages qui ne pointeront pas le bout de leur museau… On ne va tout de même pas s’en plaindre. D’un pas lourd et de toute lenteur, les animaux cadencent leur marche à leur bon vouloir, arrachant de temps à autre une branche en enroulant leur trompe autour et se fouettant avec, une technique de grattage bien rodée.
Deux guides nous suivent, les jambes plongées dans l’eau, parfois courant sur la berge ou sur quelque tronc couché sur la rivière. A l’arrêt d’un animal, ils lui intiment l’ordre d’avancer à coup de « Heinnnn ! », un souffle plus qu’un cri. « Papa, ce n’est pas « huuuuu ! » qu’ils disent, c’est « heinnnn ! » taquine Mlle Cartensac. « Je le dis comme j’veux ! Et puis ça marche aussi. ». Les énormes bêtes sont obéissantes. Du haut de son trône, Mlle Cartensac s’amuse à commenter les quelques poils qui se dressent sur leur tête. « On dirait un jardin dont la pelouse n’aurait pas poussé… » A l’approche d’une montée ou d’une descente, nous nous enfonçons tous dans notre siège. On aurait vite fait de faire toboggan mais l’animal est stable et maîtrise les finesses du trajet. A notre arrivée, les fesses un peu endolories, nous sommes toutefois détendus et admiratifs.
La course en Bamboo Raft
Le voilà qui arrive ! Sti, notre guide a, quant à lui, fait tout le trajet debout sur les deux bambous raft qu’il a spécialement fabriqués pour nous, au camp des éléphants. Nous saluons le boulot et prenons place sur nos radeaux, perches de bambou à la main.
Rüdiger, Mr Cyclovrac et Sti prennent la tête. Debout sur leur raft, ils poussent au fond de l’eau, tantôt à gauche, tantôt à droite. Sur l’autre raft, le deuxième guide est tout aussi joueur que Mr Routenvrac. Aussi, lorsque nous nous retrouvons au coude à coude avec nos partenaires, la flamme de la conquête s’illumine et les deux hommes se transforment en adversaires, poussant un peu plus forts. « On a pris la tête » s’enchante Mr Routenvrac. Maintenant, en avant ! Mlle Cartensac propose au guide de le relayer, celui-ci n’y voit aucun inconvénient et s’octroie aussitôt un bon repos. Mme Calmensac et Gabrielle se laissent aller sur les flots, appareil photo à la main. « Devant ! Des rapides ! » Gauche, gauche, droite, droite… ! La manœuvre est parfaite. Les deux bateaux traversent les rapides, nous balançant de haut en bas et nous arrosant jusqu’aux genoux. Un amusement sans comparaison. Les deux rafts se reluquent, espérant sans cesse que l’un d’entre nous perde suffisamment l’équilibre pour chavirer et ainsi, offrir une partie de rire à ses compagnons. Cela n’arrivera pas. Trop forts !
A notre arrivée, nous sommes attendus par notre chauffeur. Le voilà fini notre trek… Belle aventure ! Nous partageons quelques fruits avec nos guides et reprenons passivement, les fesses posées à l’arrière du pick-up, la route pour la civilisation.
Dans le bain des … requins
« Ca doit être marrant ça ! » C’est typique des filles ça, de penser que se faire béqueter les pieds par des poissons, ça va être marrant ! Et bien non, ça n’a rien de marrant ! Ou bien si, mais pour ceux qui prennent le temps de s’arrêter et d’observer Mlle Cartensac dans tous ses états et Mme Calmensac en négociation avec son fort intérieur. On a à peine plongé les pieds dans cet aquarium à requins (des poissons de 3cm de long qui paraissent bien plus gros quand ils s’attaquent à vos pieds, je vous assure !), qu’on s’attend à ce qu’il se passe quelque chose. Finalement stressées et contractées que nous sommes, il nous faut attendre une vingtaine de secondes pour que le premier vienne nous titiller. Puis, il semble tant se régaler qu’il appelle « à la gamelle » tous ses petits camarades !
Cette sensation de succion… Rien à voir avec les chatouilles auxquelles on s’attendait. Mlle Cartensac, surprise par elle-même de son manque de sang-froid, insiste plusieurs fois, trempant ses pieds une courte minute avant de les arracher avec effroi du bassin. « J’arrête ! J’en peux plus ! Ils sont en train de me chiqueter les nerfs là ! » Finit-elle par lancer. Mme Calmensac, plus sereine, tiendra quelques minutes de plus, sous nos acclamations à tous.
Vélo tout terrain, tout fossé
Ce matin, vendredi 16 mars, les hommes ont décidé de repousser leurs limites. Le Mountain Bike pourrait bien rappeler des souvenirs russes à Mr Routenvrac mais le concept est bien différent du VTT-neige. Apres un rapide passage derrière le rideau, Mr Cyclovrac est paré pour cette aventure vertigineuse. L’organisation est bien rodée. Distribution des protections pour les gladiateurs de la pédale et reconnaissance des parcours en 3D sur grand écran. Il ne nous reste plus qu’à monter dans les 4×4 équipés chacun d’une douzaine de VTT sur la galerie. Une bonne demi-heure plus tard et l’estomac déjà bien balancé par l’ascension folle du col, nous voila prêts à faire la connaissance avec nos montures respectives. Le départ approche et notre guide nous demande de passer un petit test pour jauger des capacités de chacun. Les consignes à peine terminées, Mr Cyclovrac se lance déjà sur l’épreuve. Un faux départ sans conséquence qui lui vaudra un second passage en dernière position.
Après déjà quelques descentes mais aussi montées en petite vitesse, une pause s’impose au milieu des champs de café. L’occasion de faire un point entre Mr Routenvrac et Mr Cyclovrac concernant les qualités techniques de leurs montures. « Je trouve mon vélo trop rigide ! » se plaint quelque peu Mr Routenvrac. « Ma selle est trop large ! » surenchérit Mr Cyclovrac. Mais les voila relancés dans la course au milieu d’une forêt dense avec des passages rapides et vicieux. Sur une petite portion traversant les cultures, il faut tantôt rouler à droite, tantôt à gauche sur une bande bitumée. L’entre deux bandes est non praticable. Plus loin, le guide s’arrête pour rassembler les troupes. Mr Routenvrac, en tête, en profite pour dégonfler un peu ses pneus. Mr Cyclovrac nous rejoint enfin. Visiblement, la trousse à pharmacie ne sera pas inutile aujourd’hui. Mr Cyclovrac a tâté le bitume avec le genou armé et amorti le plongeon avec le casque. Un autre cycliste a également tenté un double salto. Plus d’adrénaline que de mal, la plaie est superficielle : indispensable médaille du mérite. Un bandage plus tard, le peloton repart, averti par les récentes chutes.
La dernière tranche du parcours est hyper-technique. Peu à peu le groupe se rétrécit à mesure que la difficulté augmente. Mr Cyclovrac emprunte encore occasionnellement la section technique alors que Mr Routenvrac espère boucler tout le parcours avec le maximum de difficultés. Finalement, la gamelle est inévitable et au passage d’un fossé, Mr Routenvrac s’envole, inventant une nouvelle position cycliste, le ventre sur la selle tel Superman. Les derniers kilomètres sur une petite route aux abords d’un lac sont très plaisants. Le déjeuner compris dans l’excursion est plus que bienvenu et clôt cette matinée sportive.
Les femmes en cuisine
Mlle Cartensac, quant à elle, n’a pas souhaité jouer les téméraires. Délicieusement tentée par la perspective de passer la journée entre mère et fille, elle a choisi l’option cuisine. Le temps d’une matinée, nous allons nous offrir les talents de l’école « Asia Thaï School ». Accueillies par un véritable chef cuisinier, l’enseignement n’attend pas. Nous sommes conduites au petit marché local à la découverte des multitudes de variétés de riz, de tofu, des légumes, condiments, épices et autres aliments couramment utilisées dans la cuisine thaïlandaise. Nous promenant entre les étals, nous en profitons pour lever quelques mystères. « Dîtes moi, pourquoi vos œufs sont-ils roses ? » – « C’est à cause des conservateurs » nous répond notre professeur, non sans un sourire amusé devant la « question redondante de ses élèves » dit-il. Tout de même, il y a de quoi s’étonner.
Dans le potager, chaque épice et condiment nous est présenté. Nous sommes parfois surprises de nos découvertes. « Ah, c’est donc ça ?! » Assis devant une tablée invitant au repas, guide à la main, nous sommes mis devant notre problématique majeure du jour : « Vous devez choisir chacun une friture, une sauce curry accompagnée d’un plat ainsi qu’une soupe. » Les explications du chef cuisinier, en anglais sont précises mais très rapides. Aussi, Mlle Cartensac profite de ses progrès linguistiques acquis durant le voyage, pour offrir quelques précisions à Mme Calmensac. Nous faisons notre choix parmi les plats, nous assurant de leur faisabilité future, mettant l’accent sur leur originalité et nos goûts familiaux, laissant finalement un peu de place au hasard.
Aucun des secrets culinaires thaïlandais nous sont maintenus cachés. Introduction aux 5 saveurs autour d’un toast, équipement individuel pour travailler efficacement, coups de main et précision des gestes, dosage des épices, notre chef cuisinier entreprend de nous initier les rudiments et répond même à nos interrogations silencieuses : « Comment reproduire ça chez nous en l’absence de tel aliment ?… » Chacun au travail dans notre wok respectif, tel un véritable chef d’orchestre, il nous donne le signal de « verser ci », « goûter cela », capable de jongler entre 6 plats différents. Après chaque réussite, nous passons à table. Les couleurs nous attirent, les saveurs nous captivent. En extase devant nos propres réalisations, nous nous offrons toutes deux nos plats à goûter. La préparation du curry nous demande tout de même un bel effort physique. Avez-vous déjà essayé de broyer piments frais, oignon, ail et coriandre avec un mortier ? Le chef nous rassure : « Bien entendu, chez vous, vous pouvez utiliser un mixer. » Pas sûres tout de même que nous réalisions notre propre curry tous les jours.
A 13h30, le ventre bien plein, la tête emplie de saveurs, les papilles en émoi, nous remercions notre équipe et notre professeur qui nous remet un guide de cuisine et partons toutes les deux à la conquête de la ville, espérant que durant tout ce temps les hommes se fatiguent bien sur leurs vélos.
La première partie des aventures de Mme Calmensac et Mr Cyclovrac s’achève ici. Beaucoup de sensations pour ces 5 premiers jours, rythmées par les balades au cœur de marchés locaux, la recherche du « boui-boui » salvateur, la découverte des coutumes locales. A présent, l’équipe se prépare à mettre le cap vers le sud. Mme Calmensac et Mr Cyclovrac pourront-ils encore relever les nombreux défis qui les attendent ?
Retrouvez l’album complet ici.