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Sukothaï  l’aventure du temple perdu

Ce samedi 17 mars, nous repartons en bus en direction de Sukothaï, ancienne capitale de la Thaïlande, reconnue pour avoir offert à la Thaïlande, au 13ème siècle, ses premières œuvres artistiques, influencées de différents arts asiatiques. Au bout de quelques heures de voyage, Mr Cyclovrac commence à s’inquiéter : « On ne s’arrête pas pour manger ? » – « Des fois oui, des fois non » répondent Mlle Cartensac et Mr Routenvrac. Il ne manquerait plus qu’on meurt de faim ! Quelques biscuits nous sauveront pour cette fois-ci. A 16h enfin, nous arrivons en ville.

La vieille cité de Sukothaï est à 16km de son centre ville. Aussi, le lendemain, faisons-nous l’affront à Cadivrac et Culdesac, nos vélos vietnamiens, de les charger dans un taxi-bus… Sur place, nous nous rendons dans une boutique de location de vélo. Mme Calmensac et Mr Cyclovrac entreprennent de se choisir une monture. Contrôle des freins, ajustement de la selle, pour moins d’un euro la journée, nous n’en demanderons pas plus à ces bicyclettes de fortune. Alors qu’en un éclair, Mme Calmensac est déjà installée sur son destrier rose, Mr Cyclovrac, cycliste invétéré, s’obstine à essayer un par un tous les engins, surpris de constater tant de défauts techniques. Il finit tout de même par se résigner, non sans une grimace,  et chevauche un étalon rouge. En pénétrant entre les murailles de la vieille cité, nous apercevons les premiers temples. Mlle Cartensac et Mr Routenvrac sont aussitôt rappelés à leurs premières impressions lorsqu’ils pénétraient, un mois plus tôt, dans le parc des temples d’Angkor. Ici aussi, s’il ne reste plus que des ruines, il est facile de s’imaginer la grandeur de ces bâtiments autrefois.  Habitués à retirer nos chaussures à chaque entrée de temple, nous apprécions ne pas avoir à le faire ici. Nous nous laissons même surprendre à pouvoir fouler ainsi de nos propres pas, de pareils vestiges. Entre deux temples, nous pédalons, profitant de la nature environnante. Mme Calmensac et Mr Cyclovrac ont pris l’habitude de se restaurer dans les bouibouis. Nous trouvons une fois encore pour moins d’un euro de quoi déjeuner. Puis, nous reprenons notre visite. En quelques heures, l’enceinte de la muraille n’a plus de secret pour nous et nous décidons de visiter ses contrées. En effet, il suffit de s’éloigner dans la campagne en direction de l’un des quatre points cardinaux pour découvrir d’autres merveilles. Tous très attirés par le grand Buddha, nous choisissons de pédaler dans sa direction après une étude de plan compliquée. Sur place, nous découvrons avec stupéfaction des thaïlandais « toujours » à l’œuvre, en pleine création de nouveaux édifices, à quelques mètres même des ruines. Les vaches, quant à elle, se sentent tout à leur aise dans ce décor ancestral et n’hésitent pas à poser sur les clichés de Mr Cyclovrac.

Le site de Sukothaï est reposant et s’étend sur des dizaines de kilomètres. Il n’est pas tard lorsque nous saluons le grand buddha, aussi décidons-nous de visiter un dernier temple avant de rentrer. Soudain, alors que nous sommes lancés dans notre expédition, Mr Cyclovrac s’arrête. « Et voilà, j’ai crevé ! On fait quoi maintenant ? » – « On sort le plan B » propose Mlle Cartensac. « On a toujours un plan B ».

En quelques minutes, tout est arrangé. Le destrier de Mr Cyclovrac, abandonné sur le mur d’un petit restaurant campagnard, nous regarde tristement nous éloigner, Mr Cyclovrac et Mme Calmensac chevauchant respectivement Cadivrac et Culdesac qui ne semblent pas perturbés par le changement de cavaliers. Nous, nous inaugurons la méthode locale ! Mr Routenvrac a pris le contrôle du vélo rose de Mme Calmensac tandis que Mlle Cartensac, relaxe, en occupe le porte-bagage. Nous voilà à nouveau en piste ! Culdesac tout d’abord peu perturbé par la situation, décide tout à coup d’exprimer son mécontentement. Mme Calmensac perd brusquement l’équilibre, tente de redresser le guidon mais sa roue avant a déjà franchi le bas côté. Mlle Cartensac qui n’a rien manqué de la scène, saute en arrière et accourt vers Mme Calmensac. Finalement impuissante, elle ne pourra que l’observer basculer, tête la première, dans le fossé… La première frayeur passée, les jambes encore emmêlés autour du coupable, Mme Calmensac explose de rire, entraînant son entourage à en faire autant. « Et bien je crois que j’ai gagné quelques courbatures supplémentaires pour demain ! » dédramatise l’acrobate.

Une petite escalade par l’escalier de pierres éboulées et quelques photos depuis le sommet de notre dernier temple et nous jugeons qu’il est temps de rentrer. De retour à la boutique de vélo, Mr Cyclovrac tente une explication improbable sur la mésaventure de son vélo crevé. Son interlocutrice, très aimable, nous laisse dans un état de perplexité totale. A défaut de compréhension ou d’intérêt pour la situation, elle ne cesse de répondre à Mr Cyclovrac : « Vous devez prendre ce bus-ci ! » le doigt pointé dans la direction appropriée. « Oui, mais votre vélo… » insiste Mr Cyclovrac, sous nos rires incrédules. « Il est là-bas ! » – « Non. Ce bus-là ! » lui répond-elle. Après avoir longtemps persévéré, Mr Cyclovrac finit par abandonner, un regard dubitatif en direction de la femme qui continue à lui sourire. « Ne t’en fais pas », le rassure Mr Routenvrac, « ils lui ramèneront. Des vélos comme ça, il n’y a qu’eux qui en ont. » – « Peut-être même qu’il retrouvera le chemin tout seul ! » lui lance Mlle Cartensac.

Bangkok en 3 jours

Après un rapide passage obligé, au vu de notre itinéraire, dans la ville de Phitsanoulok, nous empruntons les voies ferroviaires pour atteindre Bangkok, capitale de la Thaïlande, terminus de nos deux invités. Après une semaine à occuper des auberges et hôtels routards, nous recherchons avec entrain quelque chose de plus sympa pour conclure ces vacances. Finalement nous trouvons le deal parfait : Tavee GH, une petite auberge charmante disposant de chambres simples pour les routards et de plus luxueuses pour les vacanciers. A présent, nous pouvons nous livrer à quelques visites culturelles et historiques.

Le palais royal et les temples de Bangkok

Depuis des mois, Mr Routenvrac et Mlle Cartensac sommes régulièrement surpris du manque de respect ou de la tenue très légère de certains touristes sur ces sites religieux. Aussi, lorsque nous entrons au sein du palais royal, sommes-nous agréablement surpris de voir le service proposé pour entretenir le respect de la tradition bouddhiste. Short trop courts, Mlle Cartensac, Mr Routenvrac et Mr Cyclovrac gagnent un passage obligé au vestiaire. Nous ressortons affublés de pantalons amples et d’une toge pour Mlle Cartensac. Avec nos chaussures de randonnée, notre dégaine est parfaite !

Tout comme à Chiang Mai, nous prenons plaisir à nous perdre dans les nombreux temples, à la découverte des représentations de buddhas, des tapisseries, tableaux, moines de cires, meubles antiques, statues recouvertes de feuilles d’or,… Mr Cyclovrac, guide en main, nous explique quelques subtilités quant aux positions, appelées Mudras, des buddhas, de l’éveil à la méditation. Dans chaque temple, les fresques sont là pour nous rappeler que l’histoire et la religion sont très intimement liées.

Nous autres, occidentaux, avons tendance à nous représenter la religion bouddhiste comme un culte particulièrement strict où les moines seraient plongés dans une méditation constante. Aussi, sommes-nous interpelés par l’attitude de ces moines. Toujours vêtus de leurs traditionnelles toges oranges, ils n’échappent pas au téléphone portable et autres engins électroniques dernier cri tels que des I-pod. Les moines sont ici traités comme des personnages importants. Plus déroutant encore, lors de cette visite au palais royal, nous nous arrêtons un instant devant un groupe de moines, prêts à officier, en pleine discussion d’attente comme s’il s’agissait d’une réunion entre amis… Toutefois, la population les consulte régulièrement tel des oracles, ne dérogeant pas à leurs coutumes, livrant leurs offrandes, qu’ils déposent aux pieds du buddha. Des offrandes aux allures de trousse de mariés, contenant nourriture, savon, brosse à dents, tenue vestimentaire, sandales,…

Il serait prétentieux de vous promettre une visite guidée dans les rues de Bangkok tant il y a de coins à visiter, de bâtiments à observer. Nous avons dû faire des choix. Désireux de partager quelques souvenirs, nous conduisons nos invités dans le quartier chinois. Durant des heures, nous les plongeons dans les allées encombrées de toutes sortes de boutiques de choses inutiles dont seuls les chinois connaissent le secret. Malgré l’ambiance retrouvée, nous sommes déçus par le manque de diversité culinaire. En l’absence de quelque restaurant alléchant de noodles ou de dumplings, nous nous retranchons sur un canard caramélisé dans un petit bouiboui très fréquenté.

Les klongs de Thonburi

Bangkok offre l’originalité de transporter ses touristes comme ses locaux, à bord de taxi-bateaux sur la rivière de Phraya qui parcourt la ville du Nord au Sud. Pas plus cher que le bus, nous avons régulièrement emprunté les eaux pour nous rendre aux quatre coins de la ville.

Sur la rive occidentale, les canaux de Thonburi appelés Klongs se faufilent entre les maisons sur pilotis. Nous ne résistons pas à l’idée de nous faufiler nous aussi et nous offrons une excursion à bord d’un bateau à longue queue. La balade nous transporte dans un tout nouvel univers, les poteaux électriques prennent appui au fond de l’eau laissant parfois quelques fils y tremper, les enfants font des sauts périlleux depuis leurs paliers, les poissons sont aux aguets, attendant le pain quotidien des touristes,…Les habitations de ces quartiers sont pour la plupart modestes, parfois en très mauvais état, toujours très fleuries. Notre chauffeur nous dépose quelques minutes au temple Arun, incontournable ici, afin de nous permettre d’en admirer le Chedi (tour en forme de cloche) doré, ses nombreuses statues de dieux et de divinités mythologiques,…

Nous voguerons dans les dédales pendant plus d’une heure trente. Avant de regagner l’embarcadère, une dernière vision nous laisse sans voix : les barges royales entreposées dans un hangar flottant sur la rivière.

Travail sur soi(e)

La maison de Jim Thompson, célèbre pour avoir développé le commerce de la soie dans le pays ne nous a pas laissés insensible. Sa demeure, construite en 1958 est composée de trois maisons en tek, importées de Malaisie, montées sur pilotis sous lesquels est installé un atelier de soie.

En offrant l’ensemble de son œuvre à la Thaïlande, Jim Thompson a relevé le défi d’offrir aux visiteurs la possibilité d’admirer et de comprendre la vie des thaïlandais par le biais de son habitat et d’une véritable collection de meubles et pièces asiatiques. Son jardin exotique où s’épanouissent palmiers, ficus, bananiers à fleurs, plantes grimpantes et autres espèces tropicales, fut son lieu de ressource favori ; une « jungle apprivoisée » au cœur même du centre de Bangkok, à deux pas des gigantesques et ultramodernes centres commerciaux.

La pesée des champions

Ce samedi 24 mars, à l’heure du petit-déjeuner, Mme Calmensac et Mr Cyclovrac sont en grand rangement. Nous leur avons confié une mission d’une importance capitale : ramener Culdesac et Cadivrac en France. Cadivrac monte sur la balance, frileux à l’approche de cette épreuve. Celle-ci affiche 17kg, Mme Calmensac et Mr Cyclovrac disposant de 30kg de bagages chacun, ça devrait passer !

 A 15h, Mme Calmensac et Mr Cyclovrac partent devant dans un tuc-tuc en direction de la gare. Les suivant, nous enfourchons nos compagnons à deux roues pour notre dernière virée ensemble, nous mettant à pédaler sous une pluie tout d’abord rafraichissante, puis torrentielle. Lorsque nous arrivons à hauteur des deux vacanciers, nous sommes déjà trempés, les jambes perlées de gasoil. Nos fidèles destriers surmontent leurs dernières épreuves, nous, dégoulinant de sueur : enchaînement de plusieurs escaliers, tramways,…

Nous parvenons exténués à l’aéroport. Mr Routenvrac conduit Culdesac et Cadivrac pour un emballage express puis vient le moment de l’enregistrement, et plus précisément de la pesée. Cadivrac affiche fièrement « 20 kg ». 20 kg ? Mais comment c’est possible ? L’hôtesse nous fait gentiment remarquer que nous devrons payer un surplus de 6kg. Et quel supplément ! Les zéros s’alignent… « Ben on ne va prendre qu’un vélo » tranche Mr Cyclovrac. « La voilà la bonne idée ! Et ensuite on fait quoi ? » grogne Mlle Cartensac. « Maman, tu veux bien qu’on mic-mac ton sac ? » Mr Routenvrac et Mlle Cartensac récupèrent bonnets et vêtements chauds et transvasent revues et autres poids lourd du gros sac de Mme Calmensac à son petit sac. Mr Cyclovrac en fait autant. L’hôtesse, certainement habituée à ce genre de situation, nous observe agir avec beaucoup de patience. « 61 kg ! Ça passe » conclut-elle. Nous regardons nos deux vélos s’éloigner dans le compartiment « bagages hors-gabarit » non sans un pincement au cœur. Les garder plus longtemps, c’était risquer de devoir un jour les abandonner en Malaisie, en Indonésie ou en Australie. Et après tant d’aventures partagées, nous avons choisi de leur offrir leur retraite bien méritée par chez nous.

Il est temps à présent pour Mlle Cartensac de se faire une raison. Mme Calmensac et Mr Cyclovrac quittent les sentiers de notre voyage tandis que nous allons poursuivre nos péripéties. Nous nous étreignons une dernière fois, puis nous séparons. Mlle Cartensac ne se retourne pas tout de suite, s’éloignant avec courage. Lorsqu’elle décide enfin de se retourner, c’est déjà trop tard. Ils ont disparu. Mr Routenvrac empoigne sa main avec vigueur : « ça va aller ? » – « Ca va aller ». Notre maison sur le dos, nous laissons l’escalator nous emporter puis prenons la direction du tramway. Dans près d’une heure nous serons à la gare ferroviaire et espérons pouvoir dès ce soir, embarquer pour le sud du pays au farniente.

Retrouvez l’album complet ici.

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