En route pour Vientiane
Pour nous conduire à la capitale, les laotiens nous sortent le grand jeu : un bus V.I.P, équipés de couchettes deux places. On pourrait presque se croire dans une suite d’hôtel : les petits coussins qui vont bien, les froufrous aux fenêtres! Le plus troublant est que ce sont les seuls transports en commun proposés pour se rendre à Vientiane. Autour de nous donc, des touristes mais également des locaux.
Contrairement aux apparences, le trajet n’a rien de tout repos. Installés à l’étage, nous sommes victimes des secousses du bus, tout autant que de la justesse de notre lit. Après une nuit bien agitée, ce jeudi 1er mars, notre bus entre en gare à 6h45. Une fois de plus, il faut se montrer valeureux car aussitôt sortis du lit, observant les autres voyageurs prendre la poudre d’escampette en tuc-tuc, nous devons quant à nous remonter nos vélos pour parcourir les 10 km qui nous séparent du centre ville.
Aujourd’hui, nous n’accordons pas la priorité à notre recherche d’hébergement. Il est tôt et nous avons fort à faire : nos visas thaïlandais. Cela tombe bien, l’ambassade thaïlandaise se trouve sur notre route. Apparemment, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée. A 8h, la queue devant le service des visas est déjà considérable. Nous retrouvons sur place Adrien et Timothy, rencontrés deux jours plus tôt à Tad Lo. Ce jeune duo nous avait beaucoup amusés avec leur expression « coucoufriends » que nous ne manquerons dorénavant pas d’utiliser. « Qu’est-ce qu’un coucoufriends ? » vous demandez-vous. Il s’agit de ces voyageurs que l’on croise étrangement à plusieurs reprises durant un voyage au long court, en différentes villes, voire différents pays, sans jamais s’adresser plus qu’un salut amical. Un petit surnom plus court et plus sympa que « mais j’t’ai déjà vu toi ! » Aussi, c’est avec plaisir que nous nous glissons discrètement dans la file d’attente aux côtés de nos deux camarades. A 8h30, les grilles s’ouvrent, laissant entrer les touristes par petits groupes. Enfin, une heure plus tard, vient notre tour. Mr Routenvrac entre, muni de nos deux passeports, laissant là Mlle Cartensac, d’astreinte de surveillance des vélos… C’est le jeu !
« Super ! » s’exclame Mr Routenvrac en réapparaissant. « On pourra les récupérer demain en début d’après-midi. » Tout est une histoire de calcul. En arrivant un jour plus tard, il nous aurait fallu patienter jusqu’à lundi et du temps en ce moment, nous en avons trop peu. Nous devons entrer en Thaïlande dans 8 jours au plus tard. « On est trop forts ! » : petite aparté pleine de modestie entre nous, mais parfois nécessaire au vu des efforts déployés.
Aux Champs Elysées…
Vientiane est une capitale de taille raisonnable et nous sommes rapidement rattrapés par notre habitude des grandes villes. En quelques minutes, assis sur nos destriers, nous avons déjà traversé le centre ville. Il nous faut revenir à deux reprises sur nos pas tant nous ne maîtrisons pas les distances. Nous élisons domicile à YouthInn, une auberge modeste et accueillante. Nous nous offrons une sieste, rare mais pour le coup nécessaire et nous nous réveillons à 17h pour la découverte de la ville de nuit ! Tout près de notre auberge, le long du Mékong, nous remontons le marché de nuit avant de longer l’esplanade : un vrai terrain de jeux pour tous les adolescents, garçons et filles semblant partager les mêmes activités ! Skateboard, vélo, jeux de balles, badminton, course à pied, bavardage, voitures télécommandées,… La longue place bitumée offre à chacun un espace rêvé.
De jour, Vientiane est tout autre. L’esplanade retrouve son calme ordinaire. En s’y promenant, on peut observer les moines vêtus de leurs toges oranges, tenant en main un parapluie, marcher sur les grandes étendus de sable au bord d’un Mékong asséché. Guide en main, nous nous lançons dans un circuit à vélo, à la découverte des temples et bâtiments culturels. Devant le palais royal, se trouvent les Champs Elysées que nous remontons jusqu’à l’Arc de Triomphe. Euh… Je divague où nous sommes de retour à Paris ? Soyez sans crainte, ni l’avenue ni le monument n’égalent la grandeur et la somptuosité de leurs jumeaux parisiens. Toutefois ils les représentent assez bien. Nous montons marche après marche, les escaliers du socle de l’Arc de Triomphe et flânons quelques temps devant les boutiques inévitables. Nous nous intéressons de près aux collections de pièces, comptant parmi elles quelques vestiges de l’Indochine Française.
Sur le chemin, nous passons récupérer nos passeports à l’ambassade Thaïlandaise et concluons notre journée par 25 km de vélos en quête d’informations pour notre voyage à Luang Prabang, la station de bus nord étant à 10 km du centre. Une fois sur place, nous découvrons des billets moitié moins chers que ceux proposés en ville, certes sans compter le transfert en tuc-tuc, service dont nous saurons nous passer.
En route pour Luang Prabang
Ce samedi 3 mars, à 7h, après une douche froide appropriée, nous pédalons en direction de la gare. A 7h40, montre en main, billets achetés, nous sommes déjà prêts à embarquer. Le chauffeur de bus nous observe d’un regard interrogateur replier nos vélos et les ranger dans leurs sacs, nous annonçant déjà qu’il nous faudra justifier longuement pour ne pas payer de supplément. 11 heures de trajet en bus, voilà qui n’a plus raison de nous effrayer : lecture, écriture, repos, nous nous occupons au mieux. Seules les odeurs nauséabondes parviennent toujours à nous assommer. Sur le chemin, nous sommes choqués de voir autant d’incendies dans les champs, dans les bois, volontaires mais pourtant interdits, ils ont paradoxalement pour but de limiter les feux de forêts en saison sèche. L’un d’entre eux, gigantesque, nous suivra pendant plus d’une demi-heure à travers les routes montagneuses et vallonnées. Serpentant dans les montagnes, nous traversons un petit village composé de huttes en bois. A sa sortie, nous admirons deux enfants, debout sur un chantier, épées à la main, semblant défendre leur citadelle d’assaillants eux aussi rudement équipés. « Je m’arrêterais bien dormir ici » lance Mlle Cartensac, prête à combattre elle aussi. A 19h30, Luang Prabang nous accueille. Pour 4 dollars, nous aurons la chance de dormir dans un bungallow, salle de bain attenante, à la sortie de la ville. Avec nos vélos, libres de circuler comme le vent, nous jugeons le deal parfait.
Au-delà de la colonie
Luang Prabang est magnifique, il faut le reconnaître. Son centre ville, tout en longueur se dresse telle une pointe, encerclé de part et d’autre par le Mékong. La rive opposée est accessible à pied ou à vélo, par un pont entièrement constitué de bambous. Assis sur les rochers, ou sur le sable, les pieds pataugeant dans le Mékong, nous admirons le coucher de soleil.
Dès nos premiers pas dans la ville, nous sommes interpelés par les bâtiments : tous plus beaux les uns que les autres, leur style colonial est parfaitement conservé. Toutefois, très rapidement, une question nous vient à l’esprit : ville anciennement colonisée ou ville colonisée ? En effet, toutes ces superbes maisons, vendues à des prix faramineux, inaccessibles aux locaux, sont aujourd’hui exploitées par le tourisme : guesthouses, hôtels, restaurant, bars,… De plus, nous remarquons qu’elles sont le plus souvent dirigées par des occidentaux. Le soir venu, la rue principale est interdite à la circulation et des dizaines de laotiens installent nattes et barnums pour exposer leurs produits artisanaux (ou pas) aux touristes qui ne cessent d’arpenter la rue, dans un sens puis dans l’autre à la recherche Du souvenir.
Charmés par la ville, mais très peu par cet aspect touristique, conscients que nous passerons ici nos derniers instants laotiens, nous décidons de consacrer un peu de temps aux écoles francophones de la ville. Arrivés un dimanche, nos recherches sont peu fructueuses. Toutefois, dès 8h30 le lendemain matin, après un rapide passage au collège-lycée, nous pénétrons dans la cour de l’école maternelle.
Sur les chemins de l’école
Dans la cour de l’école maternelle, Mlle Cartensac avance à pas lents, à la recherche de quelque regard d’approbation, un signe de la tête,… Devant les classes, les institutrices font face aux élèves, récitant des chansons traditionnelles. Des enfants de 3 à 5 ans gesticulent, chantonnent, tentent de reproduire leurs modèles. A défaut de geste de bienvenu, c’est un sourire chaleureux qui accompagne chacune des enseignantes. « Quelqu’un parle-t-il français ? Ou anglais peut-être ? » Visiblement non. On finit par nous trouver une interlocutrice anglaise. Juste le temps de nous dire : « Oui oui, pas de problème. Vous pouvez prendre des photos » et la voilà repartie. Nous tournons un peu en rond, prenons quelques clichés et restons à observer.
Finalement, les enfants entrent dans leurs salles respectives. On nous laisse entrer aussi. Quitte à être là, Mlle Cartensac demande si elle peut aider. Vraisemblablement, son aide ne sera pas de trop. 40 enfants par classe, un matériel très sommaire et des enseignantes rapidement dépassées par la situation… Nous resterons plus d’une heure dans cette classe, admirant tour à tour, des tentatives de rassemblement en chanson, une leçon sur les fleurs et les couleurs à peine audible, un cours de coloriage ou de dessin par manque de moyens matériels, quelques disputes, des jeux de ballons, des improvisations théâtrales épée en bois ou arc et fléchettes ventousées à la main, une vingtaine de briquettes de lait ou autre liquide engloutis, une quarantaine de bonbons, sucettes, gelées ou paquets de chips consommés, autant de papiers jetés au sol,… et le tout dans un brouhaha infernal… Les deux enseignantes, débordées, tentent de rattraper la situation à coups de baguettes : un coup brutal sur la table, un léger sur la tête. Ni l’un ni l’autre ne semblent fonctionner. Elles tentent alors de les rassembler de force, les soulevant un par un. Les plus fourbes prennent un malin plaisir à se déplacer à nouveau. Nous sommes époustouflés de voir que malgré tout, les enseignantes conservent leur sang-froid, souriant à toute épreuve. Certains, plus insolents, n’hésitent pas, lors d’une activité, à chaparder le matériel pédagogique et s’enfuir avec dans la classe, l’enseignante courant à leurs trousses… La plus âgée des deux professeurs semble s’être faite une raison. Cessant de courir, elle prend son mal en patience, s’occupant à préparer quelque matériel ou ranger la salle, activité sans fin. Un livre à la main, après plusieurs tâches partagées, elle entreprend d’enseigner quelques mots laotiens à Mlle Cartensac. « Je pourrais rester ici et apprendre avec les enfants » finit par proposer celle-ci. La femme, timide tout d’abord, sourit davantage à chacun des échanges, communiquant elle aussi dans sa propre langue.
Pendant ce temps, dans l’encadrement d’une fenêtre, Mr Routenvrac discute avec un groupe de « petites chipies ». Il est impressionnant de s’apercevoir à quel point les enfants sont aptes à comprendre et ainsi, communiquer au-delà de la barrière de la langue, bien mieux que les adultes. « Au lieu de tirer les cheveux de ta copine, tu ne devrais pas aller travailler toi ? » – « No, no » lui répond la petite fille entre deux éclats de rire, secouant la tête effrontément de gauche à droite. Certains enfants, plus intrigués que d’autres par notre présence, tentent par tous les moyens d’attirer notre attention. « Ca, c’est Ben 10 » lance Mlle Cartensac à un petit garçon, pointant son maillot du doigt. Les enfants surpris, se mettent à ricaner. Avec un grand sourire, l’enfant concerné répond : « Blablabla Ben 10 Blablabla ? » – « Bien sûr ! Et Spiderman aussi ! » confirme Mlle Cartensac, toujours aussi joueuse. Cette fois-ci l’enfant est bluffé ! Au moment de quitter les lieux, nous avons le sentiment d’en avoir appris beaucoup en peu de temps. Les enseignantes s’arrêtent un moment dans leurs occupations pour nous saluer, sensiblement enchantées par notre venue. Un dernier signe par la fenêtre et nous enfourchons nos vélos.
La francophonie, c’est quoi ?
Nous n’avons pas loin à aller : nous bifurquons à droite, longeons un grand bâtiment puis stoppons devant l’entrée du centre de langue française. Dans la cour, panneau après panneau, nous découvrons Noria, le projet passionnant de deux jeunes de notre âge : voyage de la France au Laos à 2CV, sur les traces de l’eau. Pays après pays, ils ont tenté de percer les mystères de l’eau au cœur de l’histoire, les cultures, l’architecture,…
Au premier étage, Mlle Cartensac entre dans le bureau de la direction, incertaine…. « Excusez-moi. C’est un peu délicat. Je souhaiterais vous parler de notre projet et savoir si vous pouvez nous orienter sur une structure de la ville. En même temps, on part demain alors,… » Ouïch. Rien que de le formuler, Mlle Cartensac se rend compte de l’absurdité de sa requête. Toutefois, nous n’avons rien à perdre. Nous disposons de toute la journée et sommes curieux d’en apprendre davantage sur les enfants laotiens. L’outil Cartensac s’agite à n’en plus finir dans son sac. Carla, directrice du centre a dû s’en apercevoir et se montre très à l’écoute. « Je ne vois pas ce que vous pouvez faire en une journée » conclut-elle. « C’est dommage, votre projet aurait pu être très intéressant pour nos écoles… » Finalement, après quelques minutes de discussion supplémentaire, lui vient une idée. « Nous avons une classe au sein du centre de langue le soir pour des enfants de CE2-CM2. Si ça vous convient, vous pourriez faire cours. » Bien entendu, cela nous convient. Elle contacte alors l’enseignante concernée et en quelques instants l’affaire est arrangée, pour le plus grand plaisir de Mlle Cartensac. Dans la cour, un grand sourire aux lèvres, elle retrouve Mr Routenvrac pour lui expliquer l’arrangement. « On a rendez-vous à 17h30 ! »
Nous profitons de notre après-midi pour visiter quelques temples, acheter nos billets de bateau pour le lendemain et nous glisser dans la cour du lycée où nous observons avec grand intérêt un cours de mathématiques en français. Dans la cour, une jeune laotienne attire toute l’attention de ses camarades. A ses pieds, une planche de wakeboard qu’elle semble particulièrement bien maîtriser. « Je n’aurais jamais pensé trouver ça en Asie » s’extasie Mlle Cartensac. Des briques en guise d’obstacles, ses amis la défient avant de lui emprunter la planche, à tour de rôle.
A 17h20, nous retrouvons la cour du centre de langue française, dans laquelle trois jeunes filles sautent à l’élastique, faisant le relai entre leur jeu et leurs sacs, emplis de paquets de chips et de bonbons… Les sauts s’enchaînent tels de vraies petites gymnastes. A l’heure dite, nous prenons place dans la salle de classe. Les élèves entrent à leur tour, très cérémonieux, intrigués par notre présence. Ils se présentent un par un dans un français certes accentué mais très correct. Nous leur expliquons très lentement notre projet, afin de nous assurer leur compréhension mais ne nous éternisons pas sur nos objectifs, le temps nous étant très restreint. Le principal est annoncé : nous allons jouer ! Nous ne sommes pas surpris d’entendre que pour eux, le jeu a une connotation financière très importante. Aucun ne semble connaître de jeu de société. Aussi, après une partie du jeu de Uno, nous nous lançons dans un jeu de memory très apprécié par notre groupe : mémoire, observation, voilà qui les fascine et les fait rire.
Nous prenons toujours autant de plaisir à voir les enfants réagir face au jeu pour la première fois. Les réactions sont souvent les mêmes : un peu stressés lorsque vient leur tour, très observateurs, appliqués, ils finissent toujours par se détendre et s’abandonnent finalement à un rire partagé par leur enseignant, qui quant à lui, se trouve soulagé de l’aboutissement heureux de cette nouvelle expérience. Discrète, l’enseignante nous accompagne et traduit en laotien lorsqu’il est nécessaire. A 18h30, il est déjà l’heure de remballer nos jeux. Nous avons tout juste le temps d’écouter les enfants nous expliquer un jeu très similaire à notre mistigri, également connu sous le nom de « pouilleux ». Pour le plaisir de l’échange, nous prenons note et clôturons le cours sur un merci général.
Ça tamoule !
En quatre mois de voyage, nous avons fait de belles rencontres avec d’autres voyageurs. Compagnons de route pour un repas, une journée ou quelques jours, nous avons été parfois intrigués de les retrouver à nouveau sur notre route en différents endroits. Guenola et Florian en sont un exemple flagrant. Rencontrés 10 jours plus tôt, nous les avons retrouvés sur l’île de Don Det il y a quelques jours à peine. Aussi ne sommes-nous pas surpris, bien qu’amusés, de les rencontrer pour la troisième fois à Luang Prabang. Le monde est si petit !
Alors que nous partageons un plat végétarien dans une allée du marché, Mr Routenvrac quitte un instant du regard notre table et… Il n’en croit pas ses yeux. « Matthieu !!! Armelle ! » Les deux jeunes gens, pris dans le flux touristique de la rue piétonne, tournent à peine la tête, incertains d’avoir bien entendu l’appel. « C’est pas vrai ! Sophie ! Rémi ! Mais qu’est-ce qui est arrivé à tes cheveux Rémi ? On ne t’aurait pas reconnu tellement ils ont poussé ! » L’instant d’une seconde et nous voilà réunis comme de vieux amis. Nous faisons les présentations afin de mettre à l’aise chacun des voyageurs. La soirée s’annonce fabuleuse.
Rencontrés pour la première fois à Hanoï, capitale vietnamienne, nous avions quitté Armelle et Matthieu sur le bateau dans la Baie d’Halong, juste avant notre épisode « seuls au monde » où notre guide nous avait abandonnés tous deux de nuit, à 35 km de la ville de Cat Ba. De véritables souvenirs de voyage communs nous reviennent, si proches et pourtant si loin déjà. Deux pays nous séparant de notre dernière rencontre, nous n’aurions pu imaginer nous retrouver ici. Par ailleurs, ayant assisté à chaque étape de notre réflexion concernant l’achat de nos vélos ; de l’hésitation à la concrétisation, Armelle et Matthieu se sont comme nous, laissés tenter par l’envie de découvrir le monde à coups de pédales. « Alors ! Ils sont où vos bolides ? » s’excite Mr Routenvrac. « Attend, » répond Matthieu, « tu n’imagines même pas les ennuis… Il a fallu que je rachète deux roues complètes cette semaine. On était dégoutés ! » – « Oh zut… Et sinon, vous en êtes satisfaits ? » – « C’est clair » répondent nos deux amis d’une voie unanime. « Le voyage à vélo ça change tout ! » Dans la cour de leur guesthouse, nous découvrons deux superbes VTT Giant, bichonnés, chouchoutés par leurs heureux propriétaires. « On n’était pas sportifs, nous. On n’aurait jamais imaginé qu’on pédalerait autant » avouent-ils avec extase. Encore une bonne raison pour nous de jacasser durant des heures, échanger nos expériences, nos déboires, nos bonnes rencontres, nos fous rires,… « Attend, et ça je ne t’ai pas raconté !…. Ah, au fait, on a un nouveau jeu pour vous ! Le Tamoule ! Vous connaissez ? » Une soirée nous parait bien trop peu pour tout nous dire. Pourtant, passé minuit, il nous faut nous séparer. Demain, nous reprendrons chacun notre route. Notre bateau quittera l’embarcadère à 8h30 en direction de la Thaïlande. Deux jours à voguer sur le Mékong, l’illustre fleuve lui-même ! Entre deux boutades, nous faisons nos adieux. Guenola et Florian profiteront de leurs trois dernières semaines de voyage avant de rentrer en France tandis qu’Armelle et Matthieu se dirigeront vers le Cambodge. Dans un mois, ils retrouveront leurs parents à Chiang Mai en Thaïlande. « C’est pas vrai ? C’est une blague ? » demande Mr Routenvrac. « Nous retrouvons aussi les parents de Sophie à Chiang Mai la semaine prochaine ! » Une coïncidence supplémentaire, une bonne raison de rester connectés s’il en eut fallu une. « Ça nous a fait trop plaisir de vous retrouver ! » nous envoyons-nous mutuellement. « Bon vent les voyageurs ! »