Capitale mongole, minuscule température

Rencontre opportune

Nous avons longuement hésité sur notre méthode d’entrée en Mongolie. Le train était pour nous, inenvisageable: la platzcard n’existant pas et le prix des billets atteignant des prix hors budget, « justifiés » par le passage de frontière. Nous avons tout d’abord imaginé pouvoir faire une partie du voyage en auto-stop mais cette solution s’est vite révélée trop risquée au vu des conditions climatiques. Le soir même de notre retour de l’Ile d’Olkhon, nous prenons un train en direction d’Ulan Ude, sans autre plan en tête qu’une vague information: un bus partirait chaque jour à 7h30 pour Oulan Bator, quelque part dans la ville.

A 6h30, le lundi 28 novembre, nous voilà donc sur le parking de la gare d’Ulan Ude. Nous questionnons les quelques chauffeurs de minibus qui, assis bien au chaud, ne semblent pas décidés à démarrer leur journée. « Oulan Bator? Da, da! » répondent-ils en nous indiquant la gare. Les talents de mimétisme de chauffeur de bus de Mr Routenvrac n’y faisant rien, ces chauffeurs ne nous seront d’aucun secours. Attirés par le look baroudeur de deux jeunes, sacs sur le dos, à l’autre bout de la gare, nous tentons notre chance. Medora arbore un large sourire : ils se rendent justement à Oulan Bator, par ce même bus et savent exactement où le trouver. Pour cause, ils sont arrivés par le train hier matin et, après avoir tourné en rond dans la ville, sont arrivés trop tard pour attraper le bus. Nous partageons un taxi qui nous conduit à la dite place. Le chauffeur de bus s’étonne un court instant de nous voir arriver sans ticket de réservation, puis nous fait signe de monter. Il est 7h15, nous n’avons pas perdu une minute et pour seulement 1000 roubles, nous allons traverser la frontière Russie-Mongolie et atteindre Oulan Bator, le tout annoncé en 10/12 heures. Autant d’heures de repos, de contemplation, de lecture et de discussion avec Medora et Todd, qui suivent sensiblement le même parcours que nous. Todd a quitté les USA en mars dernier et Medora l’a rejoint en septembre, depuis l’Angleterre.

Depuis notre départ, nous avons pris l’habitude de nous laisser bercer au gré de nos rencontres. C’est donc tout naturellement qu’une fois sur place, nous suivons nos amis dans leur auberge: Khongor Expedition.

Khongor Expedition

Durant 3 jours, 3 nuits, nous profitons d’une ambiance europaméricaine grâce à nos compagnons d’auberge: Brendon, un jeune australien en vadrouille et Stéphane et Adeline, un jeune couple français, immigrés en Mongolie pour un an, tous justes débarqués. Avec eux, nous visitons Oulan Bator, découvrons les fast-foods mongols, et respirons l’air polluée de la capitale. Oulan Bator détient des records: en effet, c’est la capitale la plus froide au monde mais aussi la plus polluée. Présentons les choses comme elles sont: cette ville n’offre pas de grandes merveilles architecturales. Au contraire, les immeubles se construisent à tour de bras. Les nomades ne cessent de quitter la steppe pour la grande ville qui rassemble aujourd’hui plus d’un million d’habitants soit plus du tiers de la population du pays. La ville s’étend sur plus de 20 kilomètres. Dans les quartiers périphériques, les yourtes côtoient les cabanons de bois et les immeubles de béton.

L’ascension de la colline Zaysan Hill nous offre un panorama de la ville et de ses alentours. En haut des escaliers, une magnifique fresque de guerre, à ses pieds, un immense bouddha doré: une histoire récemment implantée au pied de la ville.

Vous n’en aurez pas plus

Notre visa mongole nous autorise à rester 30 jours en Mongolie, mais le climat est très rude et les possibilités d’expédition limitées. Nous pensons rejoindre la Chine dans un délai de 10 jours. Formalité obligeant, nous nous rendons à l’ambassade de Chine.

Si la méthode Routenvrac commence à faire ses preuves, Mr Routenvrac n’a de cesse de la tester. « Obtenir un visa pour la Chine, c’est comme demander à se rendre sur la lune ! » voilà ce qui se lit sur tous les forums de voyage. Et le fait est bien là. En entrant dans l’ambassade, nous découvrons une file d’attente de touristes, certains affalés sur de longues tables, en train de remplir d’interminables formulaires, chacun questionnant son voisin, l’œil hagard, las de ne pas comprendre. Quelques touristes inquiets se font même accompagnés par un interprète. La liste de documents à fournir nous effraie : justificatif de vol aller-retour, certificat d’hébergement, attestation financière,… Mr Routenvrac rappelle son mot d’ordre à Mlle Cartensac : « on ne pose pas de question et on ne fournie que ce qu’on nous demande. » Au guichet, il s’explique : « Nous n’avons encore rien réservé car nous voulons d’abord visiter l’arrière-pays. Nous achèterons nos billets de train à notre retour. » La guichetière semble un peu surprise, se replonge dans nos formulaires et nous demande quelques précisions. Nous notons une adresse d’hôtel à Pékin où nous n’irons certainement jamais, mais l’information semble contenter notre interlocutrice. « Vous pourrez récupérer vos passeports mercredi prochain » conclut-elle en rangeant nos passeports et formulaires parmi les dossiers traités. Nous quittons l’ambassade, Mlle Cartensac admirative, Mr Routenvrac satisfait, laissant derrière nous une foule de voyageurs abusés par des formalités administratives aussi lourdes qu’inutiles.

 Ankle Bones au Black Market

Au hasard d’une boutique du centre ville, nous tombons sur un jeu que nous reconnaissons: les osselets. Intrigués, nous demandons à une vendeuse de nous en dire un peu plus. Nous découvrons là, une véritable mine de jeux traditionnels mongols. La vendeuse ne nous épargne pas: « Je vous avoue que pour jouer, il en faut des dizaines… » – « Et où peut-on en trouver autant? » Face à nos allures de touristes, elle hésite un instant: « Au black Market! »

Le Black Market d’Oulan Bator est fréquenté par tous les mongoles. On y trouve tout et à bas prix: des habits traditionnels aux ustensiles de cuisine. Nous nous immergeons dans la foule, nous laissant guider par les couleurs lumineuses et surprendre à chaque coin d’allée par notre odorat et notre vue : de superbes selles de cheval, des meubles pour les yourtes, des tissus,… Sur un étal, au milieu d’un bric-à-brac, nous les apercevons, nos fameux osselets. Après examen et une courte négociation, nous repartons tout heureux avec nos 24 osselets pour la modique somme de 1,10€.

A la recherche des terres nomades

Munis du jeu local, nous avons le sentiment d’avoir mis un premier pied en Mongolie, celle des terres de nomades, de cavaliers et de joueurs ancestraux. Justement, non loin de là, dans un bureau de la bibliothèque municipale, Begz, mongole, père de 4 enfants, sourit en lisant notre profil couchsurfing. Il vient de recevoir notre demande d’hébergement. Pour lui, le jeu est un art qu’il manie à la perfection et qu’il aime conjuguer à l’infini pour ses enfants, au cœur de la yourte familiale. D’un clic, Begz va nous offrir une expérience inoubliable…

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